vendredi 7 décembre 2012

INDIGNE ! ! !

Comme vous, j'entends souvent des gens s'indigner, dire que les délinquants ne sont pas assez punis, que la Justice connaît des dysfonctionnements, que l'on est trop laxiste avec les auteurs 
de crimes et de délits !
Combien de fois ai-je entendu ajouter :
 "Quand on les enferme en prison, ils sont nourris, logés, blanchis, ils ont canal +, ils font du sport, 
     participent à des ateliers.."
    Un peu comme si on enfermait les prisonniers dans une cage dorée, un "petit 4 étoiles"  ! ! !
A Marseille, la prison s'appelle " Les Baumettes"... Construite dans les quartiers sud de la ville, entre 1933 et 1939, non loin des célèbres calanques et de la belle méditerranée, cette prison a été qualifiée dès 2006 d' ENDROIT RÉPUGNANT par le Conseil de l' Europe ! 
 
Le contrôleur général des lieux de privation de liberté dénonce aujourd'hui dans un rapport  une insalubrité "consubstantielle" aux Baumettes, ce qui constitue selon lui une "violation grave" des droits fondamentaux des prisonniers.
Jean-Marie Delarue relève notamment que la surpopulation carcérale atteint 145,8% dans cet établissement .
Depuis vingt ans, les appels se multiplient pour réclamer une rénovation du centre et dénoncer les dysfonctionnements .
Aujourd'hui même,  une centaine d'agents pénitentiaires de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a manifesté à Marseille pour demander du personnel supplémentaire. Selon les syndicats CGT et FO, il manque 76 postes de surveillants pour le seul centre des Baumettes, sans compter les services administratifs et sociaux.
POUR L'OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DES PRISONS,  "le président de la République et son gouvernement doivent annoncer la fermeture immédiate de la maison d'arrêt".
"Pour toute réponse, la ministre ré-annonce le projet de restructuration du centre pénitentiaire, dont l'achèvement n'est prévu qu'en 2017", déplore cependant l'O.I.P.

Les rats, les cafards, la saleté, les infiltrations d'eau, les coupures électriques qui font stopper le chauffage, l'extrême vétusté des locaux, la surpopulation qui provoque l'entassement des détenus, le manque d'effectifs de surveillance qui favorise la violence, les agressions....on est bien loin du quatre étoiles !
L'accès aux activités est réservé à un petit nombre, par manque de moyens !

Cette situation est INHUMAINE !
On dit souvent que l'état carcéral d'un pays est un indicateur de son niveau de "civilisation" ! Au cours des vingt dernières années, les alertes, les mises en garde, suite à des inspections...sans aucun résultat !!!
Mieux entre 2011 et 2012, les dotations budgétaires sont en diminution de 7,2% . Les crédits de maintenance ont baissé de 26 % en deux ans et les dépenses « d’hygiène et de propreté des détenus » ont chuté de 58 %...


La peine pour un crime est la privation de liberté et non l' humiliation.
 
Aux Baumettes, la majorité des détenus est en "préventive" ou en "courte peine", il y a même, eh oui, des innocents parmi eux, éventuellement, chez ceux qui n'ont pas encore été jugés !
Les gens ressortent rarement de ces lieux sans être brisés ou révoltés !
Il y a dix fois plus de suicides en prison qu'en milieu libre !
A traiter les détenus comme des bêtes sauvages, on ne peut pas espérer qu' ils se comportent autrement à leur sortie de prison. 
Le respect de l' Humain exige que les détenus soient mieux mis en situation de préparer leur sortie de façon positive pour leur  insertion dans la société. Et c’est bien sûr aussi l’intérêt de la société… et notre intérêt à tous.



                                      

4 commentaires:

  1. Je connais le cas d'un jeune arrêté pour un petit trafic de shit, qui ne s'est pas présenté par deux fois à un controle judiciaire et a été brievement incarcéré : cellule à 4 pour une deux places, douche une seule fois par semaine, eau froide dans la cellule, pas de table pour les repas, cafards, araignées et cloportes.Et pour lui, à 20 ans, un traumatisme pour toujours : un viol collectif au bout de 3 jours, dans la cellule, sans aucune intervention des surveillants malgré ses hurlements.C'est aussi ça la prison.

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  2. Salut Bernard,

    Il faut commencer par ne pas mettre dans la même prison
    un voleur de voiture et un violeur, un tueur ou un braqueur.

    Au lieu d'utiliser « notre argent » pour faire n'importe quoi,
    n'importe quand et n'importe où, nos dirigeants feraient bien
    de se pencher sur les vrais problèmes, des problèmes liés à
    notre système même de société.

    Pour les délits mineurs, je ne pense pas que la prison soit une
    solution. Il faut un budget pour bâtir des structures spécialisées
    pour rééduquer, et préparer à la réinsertion (création d'emplois).

    Pour les crimes graves, il faut être plus sévère dans la durée
    des peines et prévoir des incarcérations plus longues, voire
    définitives dans des établissements adaptés, sans complaisance
    mais respectant des qualités de vie et d’hygiène irréprochables,
    avec obligation de ne pas porter atteinte à la dignité humaine
    et avec des contrôles réguliers et stricts.

    Je ne suis qu'un pauvre autodidacte avec sans doute un raisonnement un peu simpliste et naïf mais sûrement loin d'être délirant.

    J'ajouterai pour me faire mal voir (c'est plus fort que moi) qu'il serait quand même utile d'avoir, de temps en temps une pensée pour les victimes de crimes odieux (je pense surtout aux enfants et aux femmes).

    Il y aurait tant à dire encore, mais je vais terminer là.

    Patrick.

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  3. Bonsoir Patrick !

    En priorité, oui, plus qu'une pensée mais de la compassion pour les victimes de crimes et leurs familles ! La reconnaissance de leur souffrance passe aussi par l'identification et le châtiment des coupables, ce qui leur permet éventuellement une reconstruction.
    Comme tu le dis, il faut des peines adaptées aux infractions, évitant toute récidive et favorisant la réinsertion. Toutefois, comme tu l'écris également, des peines de substitution à l'enfermement sont envisageables pour des délits mineurs. Elles sont d'ailleurs quelquefois appliquées.
    Il ne faut pas confondre humanité, traitement digne des délinquants et laxisme. Comme en toute chose, je pense qu'il faut de la rigueur et de la justice.
    Je vais rêver une minute : l'idéal serait tout de même d'éviter les actes délictueux autant que possible, notamment en donnant à tous la possibilité de vivre dignement, dans un environnement de qualité, avec une éducation (le mot essentiel est lâché) à la hauteur de cette ambition. Cela c'est notre affaire et notre responsabilité !
    Bonne soirée.

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  4. De la question fondamentale de la dignité humaine !
    La situation des prisons en France est jugée préoccupante. Jacques Audiard le montre dans son dernier film, "Un Prophète" .Cela fait plusieurs années que la prison reste un sujet brûlant. Le témoignage de Mme Véronique Vasseur , l’ancien médecin-chef de la prison de la Santé et le premier projet de loi pénitentiaire, finalement avorté, ont alerté les politiques et la population. D’autres facteurs sont également en cause. Depuis le 11 septembre, les politiques ont donné plus de visibilité à ce que l’on appelle les premières phases du procès pénal, c’est-à-dire que tout ce qui concerne les procédures ou les peines encourues, qui ont été rendues beaucoup plus sévères.  Plusieurs choses vont également dans le sens inverse. Il y a les règles pénitentiaires européennes, ainsi que tous les rapports rendus en Europe sur l‘état déplorable des prisons françaises. La jurisprudence européenne, ainsi que la jurisprudence interne sont aussi devenues beaucoup plus volontaires. Il y a donc, d’un côté, des pressions pour améliorer les choses, et de l’autre,  de grands changements pour amener les politiques pénales, en France et dans le monde, vers une plus grande sévérité.
      Albert Camus a dit qu’ "une société se juge à l’état de ses prisons". Aujourd’hui, le Président  français qualifie leur état de "honte pour notre République ,actuellement, la surpopulation et les conditions matérielles de détention, ce que l’on va appeler l’ "hôtellerie", sont pointées du doigt. Il est vrai que la France est extrêmement mal située. En Europe, nous sommes parmi les pires États. Le Conseil de l’Europe le dit régulièrement. En vérité, la surpopulation, liée à un état de vétusté et de délabrement des établissements, nous place parmi les plus mauvais élèves.  Selon la loi française de 1875, un détenu se doit de bénéficier d’une cellule individuelle. Or nous avons pu réaliser à nouveau, lors de la fermeture de la maison d’arrêt de Saint-Paul à Lyon, que ce principe est aujourd’hui loin d’être appliqué. Ces conditions d’incarcération sont-elles le résultat d’une inadaptation des prisons françaises à la population carcérale ? Nous connaissons les causes de la surpopulation, qui ne sont pas récentes. La droite et la gauche se sont toujours renvoyées des discours qui étaient très différents, et qui, pourtant, ne sont pas totalement faux. D’un côté, nous avons la droite qui dit : "il faut construire des prisons", et de l’autre la gauche qui répond : "si vous construisez des prisons, vous allez les remplir".
    Le Journal officiel du 6 décembre 2012 publie les recommandations du Contrôleur général des lieux de privation de liberté concernant le centre pénitentiaire des Baumettes, à Marseille. Le constat dressé par la vingtaine de contrôleurs qui ont visité l’établissement, du 8 au 19 octobre 2012, fait apparaître une violation grave des droits fondamentaux des personnes détenues.
    Citons l'exemple des baumettes ,on pourra comparer l’état actuel de la prison des Baumettes tel qu’il ressort de ce rapport de Jean-marie Delarue avec ce qu’on pouvait en dire en 2006, et constater que, là aussi, le changement se fait attendre ...Bah oui ce ne sont que des détenus , ou donc est l'urgence ?Pourtant le maintien de détenus aux Baumettes me paraît être à la limite de l’acceptable, et à la limite de la dignité humaine , C'est un endroit répugnant qui laisse vivre les détenus dans des conditions inhumaines , ce qui ne favorise pas la réinsertion de ces condamnés et ce qui évidemment fabrique de la récidive . Le droit à la dignité est inscrit dans la constitution et ce droit passe aussi par l'univers carcéral . Ces humiliations doivent cesser , plus aucune crédibilité n'est accordée aux gouvernances qui savent mais ne font rien car acter n'est pas agir ! Et l'humain dans tout cela ?
    Je m'indigne !!!
     

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