samedi 2 février 2013

LA DETTE ? QUELLE DETTE ???




Un parfum de printemps 2005 ? À l’époque, le président de la République, M. Jacques Chirac, avait convoqué un référendum visant à ratifier le Traité constitutionnel européen (TCE). Les médias se firent unanimes : il fallait approuver le texte. La campagne se caractérisa néanmoins par une mobilisation inédite. Associations, organisations politiques et syndicales s’employèrent à décortiquer, expliquer et débattre un document pourtant peu engageant. Contre l’avis des « experts », les Français décidaient de rejeter le TCE à près de 55 %.
Huit ans plus tard, le chœur des éditorialistes résonne de nouveau : le fardeau de la dette impose aux peuples européens de se serrer la ceinture. Et, bien qu’aucun referendum n’ait été prévu sur la question pour demander leur avis aux Français, comme en 2005, une campagne « de terrain » a pris le pari – risqué – d’imposer dans le débat public une question que les médias s’emploient à taire : faut-il payer l’ensemble de la dette française ?


QUELQUES PRÉCISIONS CONTRE LES IDÉES REÇUES:

–  Les dépenses de l’ État français n’ont pas progressé depuis vingt ans, en pourcentage de la richesse totale produite ! Elles ont même un peu baissé, passant de 24 % du produit intérieur brut (PIB) au milieu des années 1980 à 22 % au milieu des années 2000 !!!

–  Les recettes de l’ État ont quant à elles perdu quatre points de PIB, passant de 22 % à 18 % sur cette période! Les "décideurs"ont donc fait le choix de priver l’ État de recettes.

Les cadeaux fiscaux décidés au cours des années 2000 représentent un manque à gagner de 100 milliards d’euros par an !

– De nombreux grands pays du monde, comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, ont une banque centrale qui prête directement à l’Etat à des taux proches de zéro et pas nous !

Si la banque centrale européenne (BCE) avait accepté de prêter directement aux pays de la zone euro comme elle le fait pour les banques, c’est-à-dire à 1%, aucun ne serait désormais confronté à une dette jugée “insupportable” !!!

–  On pourrait refuser de payer une dette publique quand on l’a contractée ? Mais, ça a déjà été fait !
  

POUR Y VOIR PLUS CLAIR :

L’excès de dette provient d’abord des cadeaux fiscaux concédés aux plus fortunés, des inégalités et des différentes opérations de sauvetage des banques.
Il faut retirer aux marchés financiers le monopole du financement des États et en revenir à des taux d’intérêt très faibles. La solution : une forte réduction des inégalités et une réforme fiscale radicale, « à la Roosevelt ». 

LA DETTE EST ILLÉGITIME !
 « Elle n’est pas conforme au bon droit, à l’équité, sur le plan moral, intellectuel ou matériel. »
Le premier argument est celui de l’injustice des décisions qui ont creusé la dette : fiscalité de classe, niches pour riches, hausse des inégalités…
Le second renvoie à des choix non conformes à l’intérêt général : confier les dettes publiques aux marchés, c’est-à-dire aux spéculateurs.
Le troisième met en avant des décisions prises à la fois « sur le dos » et « dans le dos » des peuples » : sur leur dos, en faisant payer la crise par ceux qui ne sont pour rien dans l’excès d’endettement ; dans leur dos, en raison du déficit de démocratie et de la mainmise de l’oligarchie néolibérale sur l’information.

Ne pas rembourser ??? 
Les exemples historiques de l’Argentine dans la première moitié des années 2000, de la Russie en 1998, de Équateur en 2007-2008, de l’Islande après la débâcle bancaire de 2008, offrent de nombreuses pistes de réflexion. Mais, comme la France n’est pas (ou pas encore…) dans la situation des pays précédents, ni dans celle de la Grèce ou de l’Irlande, la question reste ouverte : faut-il envisager une politique de non remboursement des créanciers pour une partie de la dette (annulation), un moratoire de plusieurs années sur une fraction de la dette sans versement d’intérêts de retard ? Est-il préférable que l’excès de dette soit payé, via des impôts, par les couches sociales et par les financiers qui l’ont provoqué et qui en ont souvent tiré profit ? Ces solutions, qui peuvent être combinées, ont en commun le refus de faire payer la crise aux catégories populaires.

Ce billet s'appuie sur un article du " Monde Diplomatique" et en reprend de longs extraits. Il se donne pour objectif de clarifier ce que nombre d'entre nous estimons obscur car relevant de "l'économie difficile à comprendre", de "ce que l'on nous cache", ou pire, de "ce qui ne peut être remis en cause car admis par tous" !
Si nous n'arrivons pas à simplifier, à vulgariser, de tels éléments de connaissance, les gens ne pourront jamais avoir conscience de la légitimité de certaines revendications et continueront encore longtemps à penser :
On n' y peut rien !
Ce sera toujours comme ça !
C'est bien ce que vous dites, mais c'est inapplicable !

ON EN PARLE, ICI OU AILLEURS ?

8 commentaires:

  1. Quand l'austérité semble la seule manière de gouverner , on nous rebat les oreilles avec "la dette " . La France serait-elle en faillite ? Certains pensent que la France semble toujours solvable et n'est point , par exemple , en situation de ne pas payer les fonctionnaires , d'autres ( et notamment ceux qui ont intérêt à le dire ) nous noient sous une avalanche de chiffres et nous disent que la pente est dangereuse si aucune mesure de redressement n'est prise .Vocabulaire imagé : "pente" , redressement " ...redresser la pente ? " Mesure de redressement : " Kesako " ? Ce qui me semble , avant tout prévu , c'est l'austérité , la rigueur car le danger résiderait dans l'emballement de la dette , la remontée des taux d'intérêt. Ainsi , le principal remède préconisé réside dans la hausse des impôts , INEVITABLE, nous dit-on, impôts payés par tous les français et pas seulement par les plus riches , augmentation de la T.V.A , de la C.S.G..., bien sûr , on s'en serait douté . Tous ces beaux discours , chiffres à l'appui , pour faire passer cette "amère pilule"...Le point d'indice des fonctionnaires gelé mais , en revanche ,par exemple , les oeuvres d'art ne sont pas soumises à l' I.S.F...Elle a " bon dos" , la dette !! " Cerise sur le gateau " , le premier ministre et son gouvernement prévoient ce plan de rigueur ...:" un budget de combat pour la justice sociale , de combat pour la croissance , la préparation de l'avenir " ( dixit J.M Ayrault ).Rien que ça !! Doux euphémisme , ou plutôt verbiage ...mensonges . Quel cynisme !
    Il est à craindre que si rien ne se passe , ce ne soit encore les catégories populaires qui fassent les frais de la crise .
    Il est important de tenter " de clarifier ce qui est obscur " , de prendre conscience de ce " qu'on nous cache " , pour conjurer le fatalisme , le " c'est ainsi , on n'y peut rien , ou pas grand chose " , je suis d'accord avec tes propos , Bernard , cette première étape est plus que nécessaire ...Conjurer le défaitisme et ensuite... agir ( suite...)

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  2. les Islandais eux, ont balayé leur dette ! pourquoi pas nous ?

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  3. Bonjour,

    Effectivement "on" veut faire payer aux populations les gabegies du monde de la finance. C'est comme si au casino, ayant misé sur les mauvaises cases, le joueur se voyait remboursé de ses pertes par le tenancier. IL m'étonnerait fort que Partouche ou autre soit d'accord.

    Le "on" c'est qui ? ce sont nos politiques qui décident au gouvernement et à l'A.N.. Eux se sentent évidement à l'abri vu leurs revenus et poositions, disons pour être poli, directs et indirects. Cf le blog de Guy Queytan (http://www.wmaker.net/Guy_Queytan/) qui dénonce chiffres à l'appui, "les astuces de certains élus pour arrondir leurs fins de mois".

    Ainsi tous les couillons vont à la foire. quand les décideurs ne subissent pas les conséquences de leurs décisions et incompétence... et parfois ils en profitent.

    Mais au fait ! qui les a élus ? Qui supporte ou fait pérenniser de telles politiques ?
    Beaucoup devraient faire leur "mea culpa". Malheureusement leur faute (et pas erreur) se répercute sur tout le monde. C'est du masochisme à l'état pur.


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  4. A qui la France doit-elle de l’argent ? Aux banques à qui elle a prêté de l’argent pour affronter la crise des « subprimes » en 2008. Le gouvernement nous prend-il pour des imbéciles ? Je ne le crois pas. Nous sommes, de fait, au cœur du débat idéologique.
    Notre dette s’élevait au troisième trimestre 2012 à 1 818,1 milliards d’euros. Un chiffre énorme qui nous donne le tournis et nous effraie à nous qui gagnons péniblement et en moyenne 1.600 euros par mois. Ce montant est en mettre en parallèle au PIB de 2011 de 2.000 milliards d’euros. On le voit nous ne sommes pas encore à la rue.
    Et de fait, il y a un mensonge qui vise à créer un état ce choc dans la population pour mieux faire passer l’amère pilule de l’austérité. Que voulez-vous, nous avons vécu au-dessus de nos moyens et si nous ne voulons pas que la situation empire il faut que les Français se serrent la ceinture. C’est en gros le discours que nous tiennent les gouvernants depuis 2008.
    D’une part, et Bernard l’a très bien expliqué : il y a une dette légitime (les vraies dépenses de l’Etat pour financer les services publics, son fonctionnement, les collectivités territoriales, les constructions d’écoles, d’hôpitaux etc.) et une dette illégitime ( les niches fiscales, le renflouement des banques etc.).
    D’autre part, ces 1.818, 1 milliards d’euros nous ne devons pas les rembourser tout de suite. C’est comme si vous aviez emprunté 180.000 sur vingt ans pour acheter une maison et qu’on vous demandez de rembourser tout de suite. Au regard de vos revenus mensuels, ce serait en effet impossible. La banque vous prête de l’argent en fonction de ce que vous allez produire comme richesse (vos revenus) pendant 20 ans.
    Dans le cas de la dette de la France, c’est la même configuration. Pour en finir avec le mensonge d’Etat véhiculé par l’UMP puis par le PS, il faut ramener le remboursement de la dette annuelle à sa juste proportion. La durée moyenne du remboursement de la créance de l’Etat est de 7 ans et trois mois. Dès lors, nous devons rembourser, chaque année non plus 1.818 milliards d’euros mais environ 260 milliards sur les 2.000 milliards de richesses produites. Le taux annuel de notre dette n’est plus dès lors de 87% du PIB mais de 13%.
    Dernier élément de taille. Les banques vous prêtent de l’argent qu’elle n’a pas qui, en fait, n’existe pas puisqu’elle le fait sur ce que vous allez gagner dans les vingt années à venir. Elle bat donc la monnaie. Battre la monnaie est le privilège régalien exclusif des Etats. Ils affirment ainsi leur souveraineté et donc leur pouvoir. Dès lors, on s’aperçoit que ce sont les banques qui possèdent cette souveraineté. Sans que le peuple s’en aperçoivent, les banques ont donc pris le pouvoir en toute illégalité

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    1. Très bon commentaire. Mais il faudrait pousser la démonstration plus loin.

      Comme vous l'avez dit, la dette est un épouvantail que nos dirigeants agitent pour justifier l'austérité.

      Attac, le monde diplo et d'autres tombent dans le panneau lorsqu'ils parlent d'annuler la dette.

      Le point clé est plutôt de retrouver notre souveraineté monétaire que l'on a abandonné aux banques. Et ce quelqu'en soit le prix, même si cela doit conduire la france à sortie de l'euro.



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    2. Merci M. Brandi pour votre "éclairage " précis...et pédagogique qui permet de mieux comprendre qu'il s'agit bien " d'un mensonge d' Etat ".

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    3. Sortir de l'euro ne changera rien si l'on continue à jouer le jeu des marchés financiers et des banques. Pour que l'Etat retrouve sa souveraineté, il n'y a qu'une seule solution : nationaliser les établissements bancaires et de crédit.

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  5. Je viens d'apprendre la nouvelle. Brutale et injuste. Bernard,l'initiateur de ce blog vient de disparaître des suites d'une crise cardiaque. Selon les informations que vient de me communiquer un ami. Salut Bernard, je pense à toi et à tous ceux qui lui étaient proches. Les mots me semblent fades et vains pour dire ma peine de voir un ami s'en aller. Ce soir, je suis triste.

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