dimanche 3 juin 2012

Correspondances- Charles Baudelaire

  La nature est un temple où de vivants piliers
    Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
    L'homme y passe à travers des forêts de symboles
    Qui l'observent avec des regards familiers.
   
    Comme de longs échos qui de loin se confondent
    Dans une ténébreuse et profonde unité,
    Vaste comme la nuit et comme la clarté,
    Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
   
    Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
     Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
 Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
  
 
Ayant l'expansion des choses infinies,
                 Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens
                       Qui chantent les transports de l'esprit et des sens. 

  

3 commentaires:

  1. lautreblogdejacques4 juin 2012 à 15:41

    On entends bien l'autre que dans le silence respectueux. On ne le comprends que lorsqu'on nous avons l'esprit ouvert.
    L'homme y passe à travers des forêts de symboles
    Qui l'observent avec des regards familiers.
    Aurait pu être écrit :
    Qu'il observe avec des regards familiers.
    L'harmonie vient de la différence et de la manière dont se complètent formes, ombres lumières, qualités et défauts des uns et des autres.
    Alors s'instaure le dialogue et les sons se répondent, pas de cacophonie, pas de brouhaha assourdissant.
    Tu as raison Bernard, un texte de BAUDELAIRE vaut mieux qu'un article politique, on apprend plus de choses.

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  2. La force de ce poème est sans doute de livrer des enseignements, un message, en même temps que la "musicalité" d'un beau texte poétique.Des enseignements effectivement, comme tu le dis, qui pourraient bien être plus forts qu'un discours politique !!!
    La force de la Nature, immuable, pendant que l'homme ne fait qu'y passer...Les côtés symboliques de celle-ci, que l'homme doit décrypter. L'homme a réellement besoin de la mobilisation parfaite de ses sens pour dépasser la confusion et sans doute, seuls le poète, l'artiste, sont-ils capables de cerner le monde sensible pour lire dans la nature et découvrir le sens caché du monde ? Le rôle, la fonction de la poésie ne sont-ils pas, au-delà de la simple émotion qu'elle nous procure,de nous accompagner dans le travail de décryptage des signes transmis par notre environnement ?

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  3. Comme "l' Albatros " et "Elévation ", "Correspondances " fait partie de la Section " Spleen et Idéal"..et fait la synthèse des deux premiers puisque le poète semble maintenant avoir atteint les Cieux et est donc apte à déchiffrer le monde empli de symboles..." forêt de symboles " ; en initié qu'il est devenu , il capte les correspondances horizontales et verticales et rend compte du monde caché...monde harmonieux où "les parfums , les couleurs et les sons se répondent".Baudelaire " nous accompagne " et nous aide à lire "notre environnement et souligne le mouvement ascentionnel de la poésie.

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