Demain, dès l'aube
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
Voyage métaphysique de la vie à la mort...qui dure une journée entière de l'aube au crépuscule. Polysémie et ambivalence du poème , image d'un vieillard courbé , les mains croisées derrière le dos , rimes , elles aussi, croisées . Le poète évoque-t-il son désir de mourir, seulement à la fin du poème , la chute "houx vert " est-elle une simple allusion florale ou par le jeu des sonorités "ouvert" , "bruyère" .."bruit" traduit-il le bruit de la tombe qui s'ouvre pour permettre au poète d'y entrer ?..ou bien , le désir de mourir est-il présent dès le début" je partirai" ? Ce poème ,dans une première lecture peut évoquer ,jusqu'à la révélation finale de la tombe, le voyage d'un amoureux partant rejoindre sa bien-aimée ....mais le but du voyage est la tombe de Léopoldine , sa fille bien aimée .. dont la mort le laisse à jamais ,inconsolable .Simple en apparence ,émouvant , ce poème révèle à lui seul tout l'implicite de l'écriture poétique....
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