Dans ce poème de Charles Baudelaire, l' Horloge est un monstre qui dévore, avec délectation, la vie et révèle par là même la tragédie de l’existence. L'éphémère de l’être humain ...
La rapidité de la dissolution du temps est soulignée ...Cette annonce morbide d’un présent qui est déjà passé accentue le ravage causé par le temps, le présent n’étant plus qu’un souvenir de plus.
Le poème marque la marche assurée vers la mort ! A l’irrémédiable fuite du temps, Baudelaire associe les remords et l’obsession de la vie manquée.L' Horloge devient, dans ce poème, un monstre qui dévore, avec délectation, la vie et révèle par là même la tragédie de l’existence. L'éphémère de l’être humain est ainsi universalisée par Baudelaire. Ce poème marqué par le Spleen révèle le passage du temps et les nombreuses facettes attribuées à son image.
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : ” Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,

Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! ”
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Pour répondre succinctement en quelques mots seulement je définirais dans un premier temps ce qu'est une obsession... le mot obsession désigne une pensée (dans le sens le plus large : idée, désir, remords, scrupule, etc.) qui envahit notre être", c'est-à-dire une pensée qu'on ne peut pas écarter, malgré nos efforts. C'est une caractéristique des obsessions d'être pénibles, qu'elles soient simplement agaçantes ou torturantes et insupportables. Des obsessions de ce genre se rencontrent dans des états divers : préoccupations , deuil, états passionnels, mélancolie notamment. Toutefois je n’associerais pas forcément les mots remords et obsession à à ce sentiment de "vie manquée" même si la notion de pénibilité existe ou alors nous sommes dans ce cas tous obsessionnels et envahis de remords puisque tous ou partie en lutte , contre les échec multiples et différents que la vie nous impose, contre la maladie contre une situation politique critique qui ne nous convient pas ou tout simplement contre une partie de notre vie qui nous échappe ..Rien dans ce que je viens de désigner n'implique une vie "manquée " , c'est juste un état de fait qui résume un quotidien mais qui ne nous condamne en aucun cas . Nous subissons mais nous avons toutes et tous des portes de sortie , certaines se nomment l'espoir et dans ce cas NON nous ne sommes pas condamnés à des remords et une obsession de la vie "manquée", simplement destinés à tenter de changer d'itinéraire par force ou par désir conscient.
RépondreSupprimerSolène, cela me fait très plaisir de te lire ici, tu le sais ! J'apprécie toujours tes analyses politiques mais aussi ton sens poussé de l' "Humain"...J'ai appris à te connaître un peu à travers tes écrits et je sais que tu fais partie des gens dont l'engagement n'est pas un hasard ni un opportunisme. Tu portes au plus profond de toi " l'Humain d' abord" !!!
RépondreSupprimerL'obsession, pour moi, c'est ce temps qui ne reviendra jamais, toutes ces choses que l'on fait vite, que l'on dit rapidement ou que l'on oublie de faire ou de dire souvent par souci de "gagner" du temps alors qu'on est en train de perdre les secondes qui défilent et qu'on ferait quelquefois mieux de souhaiter éternelles. Avec l'âge qui avance, nous savons tous que "le jour décroît" et "la nuit augmente". mais tu as raison, à tout moment de la vie, il y a les éclaircies, il y a des fulgurances de lumière, comme quand tu écris un statut où tu dis "je vais bien" ou quand tu publies une photo de deux petits anges qui te donnent "la banane" ! Il n'y a pas, à mon sens, de "destin", dans la mesure où nous pouvons tous intervenir sur le cours de notre existence et transformer notre vie...sauf pour le temps qui passe et qu'on ne peut stopper !
Cher Bernard merci pour ta réponse à laquelle j'adhère avec un petit bémol toutefois (il faut toujours que je mégote un peu !)..Quant au temps passé qui ne se rattrape jamais , je prétends qu'il n'est pas important qu'il ne revienne plus , nous l'avons à jamais inscrit dans nos mémoires , ce temps vit donc toujours et à jamais ..Ô combien il serait bon de stopper le sablier qui laisse s'écouler cet espace temps indubitablement mais qu'importe après tout si de nos vies on emplit nos coeurs , des coeurs ..C'est là la vraie richesse , le don de soi balaie toute notion de perte de temps . Bien sur le filtre qui apporterait la vie éternelle n'existe pas et quand bien même je n'en voudrais pas , qu'en ferais-je ? Vivre avec intensité l’instant présent , sorte de carpe diem, et se donner aux autres , à l'humain est là l'essentiel de notre passage sur cette terre si ronde , mais qui ne tourne pas rond ..A nous de ne pas transiger en acceptant comme une fatalité le chaos et alors nous connaîtrons le bonheur d'être tout simplement ..pour un moment, un temps donné.
RépondreSupprimerLe temps passe. On voudrait qu'il repasse mais à la fin trépasse. La mâchoire du temps, nous coincé entre le passé et le futur. Le présent est fugace. Ce que j'écris est déjà du passé et ce que vais écrire est dans le futur. L'écriture, (épistolaire, picturale ou photographique) fige dans le temps le présent. C'est sûr, Bernard, on ne peut pas bloquer le temps.Ce qui était vrai,il y a une seconde ne l'est plus la seconde d'après. Il pleut et le temps que j'ouvre mon parapluie la pluie s'est arrêtée. Le geste devient inutile et je suis ridicule avec mon parapluie ouvert alors qu'il fait soleil. Le temps file, ni toi ni moi, n'y pouvons grand chose. Nous déclinons avec lui. Cependant, la question du temps est souvent un prétexte pour s'échapper de la réalité. Combien de fois ai-je répondu "je ne l'ai pas fait parce que je n'ai pas eu le temps". Et quand je grattais un peu, je me suis rendu compte qu'en fait, si je ne l'avais pas fait c'est parce que je n'en étais pas convaincu. Alors, la première chose que j'ai fait c'est de jeter mon agenda ; je commençais ma journée sur une page toujours vierge que je remplissais au fil du temps en fonction de ce que j'estimais, sur l'instant même, prioritaire ou pas. Carpe diem, est devenu ma balise. Vivre cette journée comme si elle devait être la dernière et je trouve, ma foi, qu'en ces temps où tout est devenu illimité,que c'était révolutionnaire. Bernard, reçoit ici toute mon amitié. Je regrette que par le passé nous n'ayons pas pris le temps de nous connaître mieux.
RépondreSupprimerN'ayons pas de regrets, Maurice, tu n'avais déjà pas assez de certitudes à mon goût de l'époque et moi beaucoup plus qu'aujourd'hui ! Beaucoup trop...J'étais une machine à produire du militantisme, à transmettre la parole révélée, à juger de la qualité des gens en fonction de la carte politiqua qu'ils avaient dans la poche ! Je force le trait dans ce portrait, mais il n'est pas tout à fait faux.J'ai été quelques temps le prototype de l'homme d'appareil et c'est l'époque où nous nous sommes croisés. Il m'a fallu des années pour savoir que j'étais plus fort avec mes doutes, avec mes remises en cause, avec mes questions gênantes qu'en récitant les pages de l' Huma ! Je ne crache pas dans la soupe, car en même temps, cet engagement "politico-professionnel" est aussi à l'origine de ce que je suis aujourd'hui et j'y ai puisé des connaissances, une conscience, des rencontres, des échanges, mais je n'ai montré aux autres qui j'étais réellement que bien plus tard...En un mot, et en toute modestie (!!!), je suis bien plus intéressant à fréquenter à l'approche de la soixantaine qu'à l'époque de mes 25 ans, quand nous avons suivi un chemin quelquefois commun sans même le savoir ! Échanger avec toi à ce moment là aurait peut-être précipité la mutation ;-) Quand tu passes à Marseille et que tu as un moment, ce serait avec un vrai plaisir que je partagerais un peu de ton...temps qui passe !
RépondreSupprimerTiens! cette histoire d'horloge me fait penser au film "tête d'horloge" où le professeur dont j'ai oublié le nom, a sa vie scandée par une montre, la seule fonctionnant dans le pays, mais qui est en fait arrêtée depuis 30 ans.
RépondreSupprimerHorloge biologique? psychique? mécanique? atomique?..
en fait chacun a la sienne ce qui pose problème dans les relations humaines. Ne dit-on pas d'ailleurs "nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes"... et les horloges atomiques sont basées sur des longueurs d'ondes.