vendredi 24 août 2012

POESIE DU VENDREDI ....dédicace à SOLENE, avec toute mon admiration pour toutes les luttes qu'elle mène et tous mes voeux de guérison !


 L'accent
Miguel Zamacoïs (1866-1955)

De l'accent! De l'accent! Mais après tout en-ai-je?
Pourquoi cette faveur? Pourquoi ce privilège?
Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,
Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,
"Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde!"
Et que, tout dépendant de la façon de voir,
Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...
Eh bien non ! je blasphème! Et je suis las de feindre!
Ceux qui n'ont pas d'accent, je ne puis que les plaindre!
Emporter de chez soi les accents familiers,
C'est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne,
C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne!
Lorsque, loin du pays, le cœur gros, on s'enfuit,
L'accent? Mais c'est un peu le pays qui vous suit!
C'est un peu, cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage!
C'est pour les malheureux à l'exil obligés,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers!
Avoir l'accent enfin, c'est, chaque fois qu'on cause,
Parler de son pays en parlant d'autre chose!...
Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent!
Je veux qu'il soit sonore, et clair, retentissant!
Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,
En portant mon accent fièrement sur l'oreille!
Mon accent! Il faudrait l'écouter à genoux!
Il nous fait emporter la Provence avec nous,
Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages
Comme chante la mer au fond des coquillages!
Écoutez! En parlant, je plante le décor
Du torride Midi dans les brumes du Nord!
Mon accent porte en soi d'adorables mélanges
D'effluves d'orangers et de parfum d'oranges;
Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
Et le petit village où les treilles splendides
Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides!
Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin,
A toutes mes chansons donne un même refrain,

Et quand vous l'entendez chanter dans ma parole
Tous les mots que je dis dansent la farandole!

 

3 commentaires:

  1. Geneviève Capellle25 août 2012 à 12:51

    C'est un joli poème sur notre provence ensoleillée et en plus c'est très gentil pour cette dame, cette dédicace.Je devine malgré votre discrétion qu'elle combat une grave maladie et je lui fais tous mes souhaits moi aussi.
    bonne journée à tous et une pensée pour les malades, les handicapés et tous les gens dans le malheur.

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  2. Évidemment beaucoup d'émotions à la lecture ainsi qu'à l'écoute de ce joli poème que j'appellerai " Ode à l'accent "..Merci infiniment Bernard pour cette pensée qui ne peut que me porter vers d'horizons plus cléments et pourquoi pas , c'est mon objectif premier, toucher la guérison..
    Cette Amitié et cette Fraternité sont des fers de lance que je saisis à plein cœur, à bras le corps et je perds pas de vue cette promesse faite qui apportera ma modeste contribution à ce blog inintéressant et plus dans sa diversité et sa qualité ..
    Bonjour chez toi L'ami Bernard, que le vent t'emporte plaisir et joie .
    Ton amie Solene

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  3. Un petit mot très émouvant de Solène à qui j'apporte ma solidarité dans tous les domaines et mon amitié lointaine géographiquement mais proche par la pensée et le cœur !

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